Réalité financière du Freelance Ruby on Rails

Thursday 17 October 2013

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J’ai lancé un appel le 14 octobre 2013 dernier pour sonder la réalité financière du développeur Ruby on Rails francophone. Vous avez été nombreux — 37 plus précisément — à y répondre et je vous en remercie. Entrons sans plus attendre dans le vif du sujet.

Taux Horaire

L’échantillon sondé a révélé un taux horaire brut médian, c’est-à-dire séparant la population sondée en deux groupes de taille égale, de:

75€ HT / heure

Il est intéressant de comparer le taux horaire facturé et l’expérience du développeur freelance. Une hypothèse vient rapidement à l’esprit : le taux horaire devrait être corrélé à l’expérience. Or en observant le scatter plot ci-dessous, on peut voir qu’il y a deux modèles qui divergent:

  1. Les développeurs avec peu d’expérience facturant à un haut niveau
  2. Les développeurs de longue date facturant raisonnablement
Les plus gros points représentent cinq personnes, les plus petits une seule.

À quoi correspond ce taux horaire de 75 euros brut ? En utilisant le site yourrate, on calcule qu’en prenant 5 semaines de vacances et en facturant 22 heures par semaine, un développeur ruby peut gagner un salaire net de 3000 euros.  Comme le fait remarquer @jblemee, le calcul est approximatif et trop inspiré du salariat, les charges payées par le freelance étant moins importantes que 50%. Discussion à suivre dans les commentaires.

Volume de travail

Cette étude a également pour but de cerner la charge de travail d’un freelance. As-t-on des workaholic ne prenant jamais de vacances, ou bien des développeurs très affutés facturant à prix d’or leur prestation et ne travaillant que 6 mois par an ? Regardons les chiffres :

Relation entre taux horaire et volume mensuel
Congés pris en fonction du nombre d'heures facturées par mois

Il semble qu’il y ait deux groupes de freelances, d’un côté ceux qui facturent moins de 40 heures par mois, et de l’autre ceux qui facturent au moins 100 heures. On a sans doute une différence entre certains auto-entrepreneurs qui exercent cette activité à côté d’une activité salariée plus classique. Et de l’autre des freelances qui ne vivent que de cette activité. Le point en haut à gauche est l’oeuvre d’un petit malin qui a tout compris : travailler peu mais facturer beaucoup !

Quant aux congés, il semble que les freelances ne sacrifient pas leurs congés au nom de leur activité, plus d’un quart des sondés indiquant prendre 6 semaines et plus.

Forfait vs. Taux horaire

Une question qui revient pour chaque nouveau projet qu’un freelance aborde est de savoir s’il doit facturer au forfait, c’est-à-dire donner une valeur totale au projet que son client lui paiera, indépendemment du nombre d’heures passées sur le projet, ou bien s’il doit indiquer un taux horaire et facturer chaque heure passée sur le projet.

La deuxième solution est moins risquée pour le freelance car il se met à l’abri des erreurs d’estimations récurrentes sur tout projet de développement qui sont payées cash par le freelance au forfait.

Les sondés ne s’y trompent d’ailleurs pas, voici la part de forfait dans leur activité :

Les freelances privilégient une facturation au taux horaire

Structure juridique

Pour tout freelance qui démarre, un choix de statut est obligatoire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on est vite perdu. Entre le statut d’auto-entrepreneur, celui de gérant d’EURL ou SARL, en entreprise individuelle (ou EIRL) ou bien encore en SCOP ou en SASU, le choix n’est pas évident. À cela s’ajoutent le choix du régime fiscal entre l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, qui démultiplie les possibilités.

Voici donc les strucures juridiques choisies par le panel :

On voit qu’un bon tiers choisissent le statut d’auto-entrepreneur, ce qui semble logique étant donné la simplicité du statut (déclaration trimestrielle de chiffre d’affaires, pas de cotisation sans chiffre). Cependant le plafond de 32600 euros HT peut gêner certains qui optent donc pour une structure juridique autre.

Autre remarque pertinente de @gbetous, la moitié ont créé une personne morale (EURL, SARL, SAS, SASU, SCOP) alors que l’autre est en son nom propre (auto-entrepreneur et entreprise individuelle).

Le nouveau statut SASU semble plébiscité par certains freelancers rencontrés à @dotRBeu, à suivre (ping @Berlimioz !)

Expression libre

La dernière question de l’enquête était libre, et portait sur les conseils à donner aux freelances qui démarrent. Les voici :

Fréquenter les conférences, être présent sur Twitter et la mailing list, rencontrer les autres freelance, participer aux projets open source. Apprendre à être commercial, se considérer comme son propre produit et se marketer en tant que tel. Connaitre ses forces et faiblesses, quitte à demander aux proches d’être franc à ce sujet.

De ne pas le faire en France !! :)

Je trouve pas mal de clients sur Odesk. Facturer a l’heure et s’engager le moins possible sur un ETA. Juste s’engager sur un nombre d’heures de travail/semaine et communiquer beaucoup.

Ne démarrer qu’avec déjà une mission.

Il faut toujours prendre en compte le temps passé à l’étude des demandes dans le taux horaire.

Bouche à oreille : un client satisfait en fait venir d’autres. Savoir rester patient ;)

Avoir un solide réseau, et pas que virtuel. Sortir, faire des confs, des apéros, des rencontres…

Do it ! :)

S’inscrire sur freelancebooking.pro, venir au meetup ruby, faire des présentations au meetup ruby, NE JAMAIS CÉDER AU COÛT FIXE, faire soi-même son contrat

Savoir qu’on peut mettre 2 à 3 ans à atteindre un rythme de croisière, et prévoir les fonds pour les périodes creuses. Se fixer des limites dès le départ (tarifs, prestations, temps de travail) et s’y tenir, ou ça devient vite invivable. S’accorder le droit à l’erreur.

Continuer à s’investir dans la communauté et l’open source…

Espace de co-working : cadre de travail + réseau (la majeure partie de mes clients en sont issus), TDD sur chaque projet dépassant les 30/40h, éduquer le client pour qu’il poste ses issues directement sur Github, un bon suivi des Exceptions pour intervenir avant que le client ne puisse se plaindre

À noter que @thibaut_barrere coache régulièrement des freelances qui se lancent pour leur donner un coup de pouce, n’hésitez pas à le contacter (mail dans la description de son profil twitter).

Conclusion

Merci encore à tous ceux qui ont répondu à l’enquête, j’ai bien conscience que cette étude est loin de respecter les règles statistiques élementaires mais j’espère qu’elle vous donnera un aperçu de ce qui vous attend si vous vous lancez en indépendant.

Vous pouvez consulter les données brutes ici, n’hésitez pas à ajouter une analyse en commentaire ou des suggestions sur d’autres données à croiser. Vous pouvez également consulter le résumé de Google du sondage.

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